MARIE HAVEL

Portfolio Categories : Artists.

Mon travail trouve son origine à travers la notion de ruine et de son appréhension à travers l’enfance et ses matériaux, ses expérimentations. Cette démarche a pris sa source en des lieux connus et au travers d’expériences personnelles, mes terrains de jeux s’étant situés principalement dans l’Aisne près du Chemin des Dames ou sur la côte d’Opale jonchée de restes du mur de l’Atlantique. Ce travail consiste aujourd’hui en une tension entre construit et déconstruit, entre découverte et recouvrement et donc, entre jeu et ruine. Je m’intéresse aux motivations de l’action vaine, à l’apprentissage de l’échec, que l’on retrouve dans le rituel du jeu.

Ainsi, le simulacre et les faux-semblants sont également présents dans mon travail et se traduisent plastiquement en un va-et-vient et une complémentarité entre les pratiques du modélisme et du dessin. Le jeu est un cadre réglementé donné au hasard, au sabotage, c’est un coup d’épée dans l’eau acharné, sans cesse réitéré. Je cherche à saisir l’instant où le cadre se dissipe et où les dés ne sont pas encore retombés. Lorsqu’on peut s’autoriser à faire un pas de côté et s’avouer le fait que nous ayons pu souhaiter perdre, où l’on stoppe les événements avant leur chute annoncée pour laisser faire et contempler notre propre déséquilibre, le vernis prêt à craquer, coincé entre une vulnérabilité victorieuse et une résignation jouissive. Il s’agit d’excaver, d’enfouir et inversement, de jouer sur des modulations infinies dans un univers défini. Ainsi les pièces peuvent se lire dans une articulation apparentée à celle d’un jeu de rôle, à la manière de l’exploration d’un « Livre dont vous êtes le héros » aux scénarios illimités, ou d’une quête de jeu vidéo.

Un équilibre se créé entre des pièces pouvant jouer tour à tour ou simultanément, avec la tentative d’envisager la réactivation des ruines et la définition de celles-ci comme mode de construction à part entière avec ses mécanismes propres ; avec l’idée de concevoir les possibles changements d’identité d’un même lieu ou paysage et enfin avec la volonté de pointer l’histoire individuelle dans une histoire plus collective, de révéler le travestissement des lieux par le souvenir, de percevoir des lieux comme des « paysages usagés ». Mes inspirations me viennent donc de lieux, de paysages, mais aussi des loisirs liés à l’enfance, comme les jeux de rôles, de plateaux, les jeux de constructions ou les jeux vidéos mais surtout de mes lectures, qui sont souvent celles de romans d’aventures du 19ème siècle.

Marie HAVEL est représentée par H Gallery, Paris.

www.mariehavel.com