Une citation de l’artiste …
Tout comme la graine se développe dans la nature, je développe le cycle Germination depuis plusieurs années.
Au départ les formes étaient simples, un peu refermées sur elles-mêmes, au fil des années elles s’épanouissent, deviennent plus florales tout en demeurant abstraites. Bien qu’imprégné de l’univers végétal, mon propos n’est pas de représenter la nature, je cherche simplement à créer des formes harmonieuses et sereines.
Mes sculptures touchent à l’identité, à l’espèce, au genre dans ce qu’ils ont de commun et de différent. Elles jonglent entre un univers artificiel, semblant issues du monde de la bande dessinée à un rapport au monde plus existentiel.
En tant que grand lecteur de romans policiers, je me laisse prendre au piège des histoires où les codes de la fiction et du réalisme cohabitent parfaitement.
La forme naît sur le papier de façon spontanée et intuitive d’un simple trait, juste le contour à échelle 1. Je ne fais aucun autre dessin ou maquette préparatoire.
Le volume prend corps d’abord virtuellement face au dessin et se précise au moment de la fabrication et de l’élaboration de la sculpture, laissant une part à l’improvisation.
La ligne courbe reste une des constantes dans l’évolution des formes, elle devient une sorte de fil souple mais tendu qui affirme des pleins et des vides.
Peut-être, ai-je un ressenti similaire à celui d’Oscar Niemeyer qui voit en la ligne droite, rigidité et contrainte alors que la ligne courbe nous entraîne vers des territoires inconnus.
Chaque sculpture est crée à la suite de l’autre, la réalisation de la première engage la suivante, comme des arrêts sur image dans l’ensemble d’un développement.
Si la courbe arrive jusqu’à présent comme un fondamental, le vide qui habite chaque forme est aussi essentiel, mes sculptures sont des sortes d’enveloppes sans organes dont la forme évolue au fil des années.
Je travaille uniquement, bien que je rêve parfois d’autres matériaux, avec des feuilles d’acier formées, découpées, soudées, tel un tailleur. Ce matériau lisse et résistant, arrive souvent comme contraignant, il engage une sorte d’ affrontement avec la matière qui doit se plier à mes propres désirs.
Une fois les différents éléments soudés entre eux, la forme finale reste à l’état naturel de l’acier corten ou sinon peintes de couleurs vives. En couleur, elles affirment leur caractère ludique, lyrique, dynamique; oxydées, elles manifestent davantage leur matérialité, leur densité.
Leur taille de réalisation est importante, car selon l’échelle, elles s’intégrent au contexte ou au contraire viennent pertuber le point de vue. Si j’aime que mes sculptures se fondent dans le décor, si inscrivent de manière harmonieuse, j’aime aussi qu’elles viennent, telles des intruses le perturber.
La partie lourde se trouvant souvent en haut et reposant sur une mince tige ne fait qu’ajouter à l’anomalie, c’est un jeu d’équilibre arbitraire, comme la baguette de bois que l’on tente de garder droite sur le nez.